La voix de Naminé le tira de son exercice. Le premier année ne savait pas trop ce à quoi il s'attendait. Il avait envie d'être seul, il voulait oublier ce qui venait de se passer et la scène qu'il venait de faire et qui le laissait maintenant avec cette impression de malaise. Il aurait voulu que la Serdaigle s'en aille, respecte son intimité. Et en même temps si elle l'avait fait, il l'aurait détestée. Il aurait eu ce sentiment d'abandon qui lui prend le ventre et se transforme en rage sourde. Il se serait dit qu'elle était comme tout le monde, à détourner les yeux dès qu'il y avait un problème au lieu de regarder en face.

Mais la jeune fille était là, à le rassurer, à s'excuser. Et lui avait encore de la colère plein la bouche et les premiers mots qu'il voulait prononcer étaient Va-t'en. Tu as cru que j'avais besoin d'être rassuré ? T'as cru que j'avais besoin de toi ? Oakley laissa filer ces pensées fugaces. La chaleur qu'il avait ressenti plus tôt grâce à sa magie l'y aidait. Il n'arrivait pas à accepter les excuses d'Allandet mais laissa couler ses paroles sur lui.

Certains passages faisaient ressurgir de la colère. D'autres auraient pu le faire sourire. Il y avait aussi des mots qui le surprenaient. Et qui le touchaient peut-être un peu plus loin qu'il ne l'avait prévu. Assez en tout cas pour qu'il n'ose toujours pas se retourner vers la rousse. Bah, c'était probablement juste sa manière de parler.

Kaur restait le regard tourné vers les dernières marches de l'escalier qui se finissait sur une alcôve, sans parler mais sans se retenir de réagir non plus. La phrase de la naïve Serdaigle sur les "bisouilles" lui arracha un rire nerveux, mi-amusé par ses "yeurk" mi-carrément gêné. En réalité, il ne parlait pas vraiment de bisous mais il aimait autant que leur conversation se limite à ça.

D'une certaine manière, l'atmosphère se détendait. Un peu. Allandet mit de nouveaux mots sur ses excuses. Et il y avait quelque chose dedans qui les rendait plus entendables pour le Serpentard. Elle ne cherchait pas à se défiler. Elle ne lui fourrait pas ses excuses dans les mains en le forçant à les accepter. Oakley en était presque... étonné. Malgré ses éclats et une utilisation appuyée de grimaces et d'onomatopées, Naminé se révélait étrangement mature. Il fut encore plus déconcerté quand elle l'enlaça.

Oakley tressaillit, ne s'attendant pas vraiment à cette démonstration d'affection. Quand elle parlait de la seule chose qu'elle était en mesure de faire là maintenant, il pensait à un sort ! Un truc normal quoi un enchantement un sortilège, un petit tour de baguette magique. Pas à un... câlin ? Ni à quoi que ce soit qui implique une entrée dans son espace personnel. Il se leva d'un coup, oubliant presque la créature logée dans sa main qui manqua de tomber.

- Okay, okay... Ca va! s'écria-t-il, une main devant la Serdaigle comme pour lui dire "hey oh on se calme". Pas besoin de... Il secoua la tête. Je vais bien.

Ramenant vers lui le boursoufflet, Kaur le caressa du bout des doigts comme pour se faire pardonner de la frayeur qu'il lui avait causé.

- Désolé.

D'accord il était un peu mignon avec ses grands yeux comme des soucoupes. Le Serpentard lui gratta la tête avant de le remettre dans les mains de sa propriétaire.

- Bon, on n'avait pas dit qu'on allait dans les cuisines ? reprit-il dans un effort évident pour dissiper son embarras.

Il désigna la porte derrière la rousse et s'empressa de la passer, débouchant dans un large couloir aux murs habillés de tableaux de nourriture. De ce côté là de la cloison, la "porte" ressemblait à une très grande peinture représentant des arbres fruitiers.

Le garçon était soulagé de quitter l'espace confiné de l'escalier, pourtant il ne ressentait presque aucune satisfaction. C'était la toute première fois qu'il empruntait un passage secret et ses pensées restaient trop embrouillées par la situation pour qu'il s'en réjouisse. Avait-il seulement envie d'aller aux cuisines ? Il n'avait pas pardonné à Naminé, c'était trop tôt et trop étrange. Non, il n'avait pas spécialement envie de passer du temps avec elle après ce qu'il s'était passé. Mais ils devaient de toute façon aller ensemble voir la prof d'astronomie après...

- J'aime pas revenir sur mes promesses et il nous reste quinze minutes à tuer.

Après tout, ils étaient aussi bien ici qu'en haut à attendre que leur prof revienne dans son bureau. Le malaise serait identique, la seule différence était la présence ou non de nourriture pour l'y noyer. Et c'était peut-être le surplus d'émotion mais Oakley avait faim.

* Ellana n'avait pas pour habitude de se balader dans les couloirs. En réalité, si c'est l'impression qu'elle pouvait donner, ce n'était en rien représentatif de la réalité. Si elle quittait son bureau pour s'aventurer dans une aile quelconque, c'est qu'elle avait quelque chose à y faire, ou y trouver. En l'occurrence, ce quelque chose s'appelait Camille Dubois. Elle n'était pas enchantée à l'idée de trouver la Directrice de Serpentard, mais quand miss Gordon lui demandait quelque chose, elle ne pouvait pas vraiment s'en défaire. Aussi traversa-t-elle le château, déambulant dans les couloirs, le regard froid.

Les élèves n'osaient pas la déranger. Ce devait être un genre de pouvoir que l'on possède en entrant dans la Direction. Et ce n'était pas pour lui déplaire. Elle murmurait dans sa barbe, réfléchissant à son très prochain entretien. *

- Quelle plaie.

Hazel n'en revenait toujours pas, elle c'était pris un sortilège de métamorphose, ELLE, la terrifiante examinatrice réduite à 'état de canard ! Elle déambulait dans les couloirs attendant qu'un membre du personnel ne la trouve pour qu'il change la situation, car bien évidemment elle avait la bonne idée d'aller jusqu'à la bibliothèque sans sa baguette.

Elle ne savait pas qui lui avait jeté le sortilège ni même si c'était volontaire mais la personne responsable avait intéret à courir vite et à savoir ce cacher car dès lors que la De Martel aurait retrouvé forme humaine, elle lui règlerait son compte .... Foi de canard ! Euh Foi d'Hazel De Martel !

En attendant de croiser une personne capable de l'aider, et surtut de comprendre la situation, Hazel marchait dans les couloirs au rythme d'un canard : c'est à dire trop lent pour elle. Cette situation lui ébouriffait les plumes mais elle n'avait guère le choix !

HAZEL : Coin coin coin ? Trad :Y'a quelqu'un ?